« Raconte moi la terre … » : la grande Bibliothèque de LYON
ENVIRONNEMENT
LE PLASTIQUE : UNE BOMBE À RETARDEMENT !
Des océans submergés par le plastique…
« Le paradoxe du plastique est qu’il dure très longuement alors qu’on ne l’utilise parfois que quelques minutes. Et il s’accumule : c’est cela le principal danger. »
(Pascale Fèbre, fondatrice du groupement de recherche «Polymères et Océans »)
QUELQUES CHIFFRES
On estime à 10 milliards de tonnes la production de plastiques depuis les années 1950 et que, sur les 200 millions qui se retrouvent aujourd’hui dans les océans, environ 80 millions sont dans l’eau et 117 millions dans les sédiments. Seul 0,3 million flotte en surface.
On estime également à 450 années leur durée de totale dégradation.
LA CONSOMMATION DE PLASTIQUE EN FRANCE …
Elle est en moyenne de 70 kg/hah/an (67,75 millions d’habitants en 2021).
LE DANGER…
Le danger réside surtout au niveau des plastiques invisibles : l’es micro plastiques (<5 millimètres) et surtout les nanoplastiques (<0,001 millimètre) qui résultent de la dégradation des matériaux sous l’effet des rayonnements solaires et des pressions mécaniques.
- microplastiques : ils provoquent une inflammation du tube digestif des organismes marins qui les avalent. Ingérés par les humains qui les consomment, ces molécules pourraient induire des maladies inflammatoires du côlon et altérer le microbiote intestinal.
- nanoplastiques : traversant les tissus et rejoignant la circulation sanguine, ils pourraient constituer des perturbateurs endocriniens.
RÉVOLUTION DANS LE RECYCLAGE DU PLASTIQUE
Carbios, une entreprise française, développe un procédé unique au monde de recyclage biologique du plastique, riche de promesses :
«En déployant notre technologie sur des produits qui n’étaient pas recyclables jusqu’à présent, on pourrait économiser 130milliards de barils de pétrole, soit trois ans de production actuelle ».
(Emmanuel Ladent, Directeur général de Carbios)
DE QUOI S’AGIT-IL ?
Carbios a mis au point des enzymes qui décomposent tous les types de plastique sans en altérer les qualités, contrairement aux méthodes classiques utilisant des solvants. Il s’agit de protéines qui cassent la chaîne de polymères en une multitude de monomères.
(Une enzyme est une protéine qui déclenche une réaction, un processus)
La technologie permet d’effectuer une douzaine de recyclages avec la même matière, contre deux ou trois pour les méthodes traditionnelles.
DÈS 2024 …
Début 2024, Carbios devrait démarrer la construction d’une usine à Longlaville (Meurthe-et-Moselle) avec le thaïlandais Indorama, leader mondial (investissement : 230 millions d’euros)
En 2025, cette usine devrait, dans un premier temps, traiter 50000 tonnes de déchets par an, l’équivalent de 2,5milliards de barquettes par an ou 2milliards de bouteilles en plastique.
PUIS …
«Notre objectif est de pouvoir recycler tous les plastiques à horizon dixans, alors qu’il y en a à peine 10% aujourd’hui»
(Emmanuel Ladent)
AVEC UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE !
La société devrait être aidée dans son développement par la réglementation. Dans l’Union européenne, les professionnels de l’emballage devront incorporer 25% de matières recyclées dès 2025 et 60% en 2040. Pour le textile, une teneur minimale de fibres recyclées devrait également voir le jour.
Source : Journal La Croix du 11 janvier 2024
SOCIÉTÉ
JÉRÔME FOURQUET :
Après « L’archipel français » … « La France d’après » !
Dans son interview à l’hebdomadaire «La Croix – l’Hebdo », Jérôme Fourquet, sondeur et analyste politique français, revient sur différents éléments de la dislocation de notre pays !
Quelques extraits :
- Le rapport au travail
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023.
En 1990, quand on interroge les Français, 60 % disent que le travail est très important dans leurs vies. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 21 %. En 1990, les Français travaillaient 1 800 heures annuelles, aujourd’hui, c’est 1 600, soit six semaines de plus hors travail. C’est colossal.
…
Dans les entreprises, la financiarisation, le court-termisme, les plans sociaux pour les plus de 50 ans ont conduit les salariés à reconsidérer leur vie. Ce n’est pas forcément les Français qui ont perdu le sens du travail mais le travail qui a perdu de son sens.
valorisation du temps pour soi est combinée au modèle social français, l’un des plus généreux au monde avec ses filets de protection, plus développés qu’ailleurs. La société de loisirs s’est considérablement étoffée avec les courts séjours, les parcs d’attractions, les activités sportives. La vraie vie est ailleurs.
…
Dans une société très individualisée, très hédoniste, un des seuls endroits où subsiste de la contrainte hiérarchique, c’est le monde du travail.
2. L’américanisation
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023.
L’origine remonte à la Libération avec les GI’s.
Mais à partir des années 1980, le phénomène s’est emballé avec plusieurs canaux de diffusion : montée en puissance de Hollywood, musique, télévision, séries, alimentation (McDonald’s, Burger King, KFC…).
Songez que 75 % des 18-35 ans sont déjà allés à Disneyland Paris. C’est le nouveau pèlerinage obligatoire : 75 % d’une classe d’âge !
matrice américaine a su proposer un sous-modèle à chacune des îles de l’archipel français, nourrir son rêve propre.
Tout le monde pense et rêve américain. On ne s’en rend même plus compte.
…
L’américanisation est une sorte de nutriment qui irrigue une France devenue hydroponique, hors-sol. Elle a perdu toute une partie de ses racines et s’invente un imaginaire qui a été importé.
3. La déliquescence et déshumanisation des Services publics
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023
La France a été construite et consolidée par l’État et ses émanations très incarnées, les services publics (SNCF, EDF, GDF, PTT), avec une présence visuelle dans tout le pays (camionnettes, bureaux, pylônes, logos), peu à peu remplacés par des plateformes situées on ne sait où, avec des conseillers invisibles aux compétences discutables…
La nature de la relation a changé.
4. La perte du sens de l’intérêt général
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023
… la sensation de ne plus appartenir à un collectif qui s’appelle une nation.
…
Cette dérive concerne tous les pays occidentaux mais nous en souffrons plus en France qu’ailleurs.
Le modèle que la mondialisation nous impose est anglo-saxon et culturellement très différent du nôtre.
5 . La « décivilisation »
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023
Dans le rapport au travail, dans le « vivre-ensemble » au cœur d’une société de l’individu-roi, nous sommes face aux manifestations répétées des contradictions internes d’un monde consumériste.
Voyez dans le métro les individus qui parlent fort dans leur téléphone sans se soucier des autres.
Tous ces comportements accumulés finissent par devenir invivables.
La demande d’autorité monte dans le pays mais elle est toujours pour les autres.
Mon moi déborde mais il ne faut surtout pas que le moi du voisin déborde sur le mien.
6. La croissance du trafic de drogue
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023)
Ce trafic a pris depuis quelques années une autre dimension. La drogue se vend maintenant comme des petits pains. On vous la livre même à domicile. Ça génère un cash fabuleux qu’il faut recycler par des voies parallèles.
Les mafias prennent le contrôle. Et 200 000 personnes travaillent pour ce secteur, soit autant qu’à la SNCF…
Mais, à la base, il y a des millions de consommateurs qui la réclament.
Quelle est cette société où des millions de gens se défoncent ?
Ajoutez-y les anxiolytiques et les antidépresseurs, dont nous sommes les plus gros utilisateurs en Europe. Les vieilles matrices ont sauté.
Il y a manifestement du mal-être et un vide spirituel.
7. Des ponts entre les îles de l’Archipel français ? …
(Extraits de l’interview à «La Croix – l’Hebdo » du 30/12/2023)
Comment construire des ponts entre les îles de l’archipel ?
Nous sommes en manque de grands récits fédérateurs et de cohésion. Pour les recréer, il faut des troupes, des intellectuels, des médias.
Les mouvements qui ont scandé nos dernières années (La Manif pour tous, Nuit debout, les gilets jaunes) n’ont débouché sur rien de structuré. Ni site Internet, ni journal, ni parti, ni fédération. Aucun leader n’a émergé.
Ce vide est très révélateur de notre époque. Une montée en température très rapide, via les réseaux sociaux. La mayonnaise prend sans tarder. Et retombe aussi vite.
Ce qui se passe avec l’écologie est sans doute différent.
Tout laisse à penser que quelque chose va se structurer de ce côté-là.
CONCLUSION :
Il y a bien des aspects négatifs qui apparaissent à l’analyse.
Mais on voit aussi comment cette société française s’est adaptée et transformée très, très vite.
Elle possède des ressources enfouies pour les mutations à venir. L’histoire n’est pas complètement écrite.