Inutile de chercher ce nom sur une carte ou un plan cadastral de Waldighoffen. Il n’y figure nulle part !
Le nom « DENNACH » n’apparaît en fait officiellement que dans une délibération du Conseil Municipal de Waldighoffen datée de février 1860, comme « hameau faisant partie du village ».
En 1969, le Conseil municipal de Henri Ueberschlag enleva la dernière référence au passé en décidant de remplacer la dénomination de « Dennacherweg » ou « rue de Dennach » par « Rue de Ferrette » et « Rue de Roppentzwiller ». Malgré l’opposition farouche des deux Conseillers dennachois !
Pourtant, jusque dans les années 1980/1990, le « DENNACH » resta bien connu de tous les habitants de Waldighoffen comme désignant le quartier sud de notre village situé au sud de l’agglomération, au-delà de l’Ill.
Et jusqu’au décès de SCMITT Paul, personnage bien connu pour son remarquable humour et ses talents au sein de notre musique Concordia, il était établi dans la conscience collective que le « Dennach » possédait son propre « Maire à vie ».
Mais où se situait réellement le hameau « Dennach » ?
Il faut savoir qu’avant 1872, l’agglomération proprement dite de Waldighoffen, ne comptait, côté sud, aucune maison située au-delà de l’Ill !
Le hameau du « Dennach » quant à lui, devait exister de part et d’autre du chemin de Ferrette, au-delà du carrefour carrefour actuel de la rue de Ferrette avec la rue de Roppentzwiller.
A titre indicatif, au 18ème siècle, ce « quartier misérable » ne comptait que quelques petites huttes couvertes de chaume. Elles furent 13 au total en 1830.
Les habitants du hameau du Dennach, ne disposaient que d’un gué et d’une mauvaise passerelle en bois pour traverser l’Ill vers le centre du village par le chemin vicinal n° 1 (alias chemin de Ferrette). L’accès ne leur était rendu possible que par le chemin vicinal n°1 (alias chemin de Ferrette) : un accès chaotique presque impossible par temps sec et impraticable en temps de crue, fréquents et prolongés !
On peut remarquer, en comparant les 2 dessins ci-dessus ( de René Minéry )que jusqu’en 1872, le chemin de Ferrette traversait l’Ill (à gué) bien avant le coude l’Ill alors que la rue de Ferrette actuelle rejoint la départementale après le coude sur lequel a été construit en 1856 le pont en pierres remplacé après 1945 par le pont en béton actuel.
(Pour une bonne compréhension, se reporter à la vue aérienne explicative dans le chapitre « Enfin … en 1872 ») ci-dessous.
D’où viendrait le nom de « Dennach » ?
René MINÉRY, l’historien de notre village, rapporte 2 versions :
- La version la plus plausible de cette dénomination indique que cette appellation lui aurait été attribuée après la guerre de Trente Ans parce que le hameau ressemblait avec ses misérables maisonnettes recouvertes de paille au village de « Dannach ou Tannach»,après sa destruction par les Suédois ! Un village dont il ne subsiste plus aujourd’hui que la chapelle St Brice, dans la vallée de Hundsbach, entre Hausgauen et Schwoben !
- Une autre version reposerait sur le projet d’un noble du Moyen-Age, de construire un château « dem nach », c’est-à-dire d’après un autre préexistant au lieu-dit « Berglé »..
Un hameau mal famé …
« En 1830, … les habitants du « Dennach » formaient une communauté à part.
Il se racontait que le hameau était peuplé d’anciens prisonniers de l’Etat graciés pour faits héroïques. Ils violaient toutes les lois et maraudage et braconnage étaient devenus une tradition. Le plus célèbre d’entre eux, surnommé le « Kaisersepp » ne respectait « ni Dieu ni maître ». Il mourut cependant misérablement et sans progéniture (ce qui ne laisse heureusement aucun doute sur une éventuelle descendance dans le secteur).
Après 1871 et le rattachement de l’Alsace à l’Allemagne, les contrebandiers y installèrent également leur quartier général pour la région. Par exemple on hissait un drapeau de couleur différente pour avertir ceux de Steinsoultz et de Muespach de la présence ou non de douaniers en vue ».
Et un pont … jamais réalisé !
Avant le milieu du 19ème siècle, la Route Nationale n° 17 « de Bâle à Delle » traversant Waldighoffen du nord au sud, passait sur l’Ill par un pont en bois, 200 à 300 mètres plus en aval que l’actuel en béton (au niveau du Centre de Secours).
Et ceci, après un virage vers la droite, à quelques dizaines de mètres avant le pont en béton actuel .A cet endroit aboutissait également le chemin vicinal n°1 (alias chemin de Ferrette) déjà cité ci-dessus, après sa traversée par gué de l’Ill (cf. dessins de R. Minéry ci-dessus)
Ce n’est enfin qu’en 1846 que le Conseil Municipal de Waldighoffen décida la construction d’un pont en bois sous le chemin vicinal n°1, non par souci d’un accès pour les « Dennachois », mais :
- considérant que la plus grande partie des champs, prés et forêts de la banlieue de Waldighoffen est située au delà de la rivière de l’Ill et qu’il n’y a pas d’autre chemin « pour aller au labour, semailles et récoltes … parce que le passage par la rivière est devenu presque impossible en temps sec par l’érosion des eaux rapides et qu’à la saison humide et pluvieuse … l’agriculture est interrompue pendant plusieurs jours par les fréquentes inondations de l’Ill ».
- considérant que des malheurs sont déjà arrivés …
- considérant encore que le dit chemin n’est pas seulement pratiqué par les habitants de Waldighoffen allant aux champs, mais encore par ceux des communes voisines allant au marché à Ferrette en voiture ou à pied
Cependant, quand la Commission d’Arrondissement d’Altkirch décida, dix années plus tard, de la déviation de la route nationale n° 17 , les travaux de construction de ce pont n’avaient toujours pas débuté. Le projet de ce pont devint donc définitivement caduc, une autre solution d’un raccordement direct du hameau à cette déviation s’avérant largement moins onéreuse !
Enfin en … 1872 !
En effet, en 1856, dans le cadre des travaux de déviation de la route de « Bâle à Delle » par un pont en pierres désormais à l’emplacement du pont actuel entraînant de facto un rehaussement du profil en long de la RD 17 rendant malaisé sa jonction avec le chemin de Ferrette.
Face à cette situation nouvelle, la Municipalité de Waldighoffen, fort dépourvue financièrement mais sans doute et surtout peu pressée de faciliter l’accès du village aux habitants du hameau, prit encore toujours tout son temps pour répondre aux demandes de plus en plus pressantes des intéressés.
Et l’affaire traîna encore 16 longues années … !
16 années pendant lesquelles les « Dennachois » prirent l’initiative d’indiquer aux autorités une nouvelle solution plus simple et moins onéreuse en prenant de plus en plus l’habitude de traverser les prés qui séparaient leur hameau de la nouvelle déviation, mais de l’autre côté de l’Ill, présageant ainsi le futur tracé de la liaison actuelle !
Mais, la dénivelée entre le niveau de ces prés et la route (jusqu’à 2,50 mètres) rendait l’accès toujours difficile à tel point que le curé de la paroisse, Grégoire Ditner, alla jusqu’à refuser, un jour de mauvais temps, de chercher un défunt à demeure au Dennach !
Pendant 16 années jusqu’en … 1872 pendant laquelle furent enfin exécutés, à travers ces prés, les travaux routiers de liaison du hameau du « Dennach » à la nouvelle route (le tracé actuel du débouché sur la rue du 19 novembre jusqu’au carrefour avec la rue de Roppentzwiller).
Et du « Maire du Dennach » … qu’en est il ?
Qui, parmi les 1530 habitants actuels de Waldighoffen s’en souvient encore ?
Paul SCHMITT aura été la dernière personnification d’un « Maire du Dennach », sans nul doute plus édulcorée, de cette pratique multi-séculaire finalement tellement sympathique au demeurant !
En illustration, l’article paru dans les « Dernières Nouvelles d’Alsace, à l’occasion de son 80ème anniversaire !
Paul SCHMITT nous quittera définitivement le 16 octobre 2008 à jamais vissé à ce poste de « Maire du Dennach ».
Il avait succédé à une autre figure également bien pittoresque : « D’r « HEIERI » (alias Eugène MEYER).
Les temps ne seront vraiment jamais plus ce qu’ils étaient !
NOTA : RENSEIGNEMENTS ISSUS du livre de René MINÉRY, notre historien local :
« WALDIGHOFFEN, l’histoire d’un village sundgauvien » – Editions SALVATOR – 1978)