Quotidiens nationaux

L’avenir de la Presse

Ce n’est un secret pour personne.
La presse écrite connaît de grandes difficultés,

… par suite notamment de la diminution importante de ses lecteurs. Ainsi, entre 2006 et 2016, les ventes au numéro de la presse française ont chuté de 52% en volume et 37% en valeur.
… par suite également d’une organisation désuète héritée des positions de force de l’immédiat après-guerre, donc d’il y a plus de 70 ans !!!

Son avenir nécessite aujourd’hui des réformes importantes !

L’organisation de la Presse

L’éditeur de presse

L’éditeur de presse, c’est l’entreprise qui publie des journaux ou d’autres publications périodiques.
Exemples : Hachette Filipacchi, CA de 1086 milliard d’euros …, Groupe Le Monde, CA de 638 millions d’euros, … Groupe Bayard, CA de 433 millions d’euros, …

L’acheminement jusqu’aux points de presse

Il se fait par 3 canaux …

… dont 2 imposés pour la presse et les magazines nationaux :

  • « Presstalis », (Les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne » à l’origine, créée par une loi en 1947) regroupe les éditeurs de l’ensemble des journaux nationaux et de 3/4 des magazines.
 Messagerie de la Presse
 Siège de Presstalis

D’une part, on retrouve dans son fonctionnement le souci initial de 1947, à savoir la garantie du pluralisme de la presse française en permettant à toute publication d’être diffusée sur tout le territoire via un système de mutualisation des coûts. La distribution est pilotée par les éditeurs de journaux réunis en coopératives et y sont donc à la fois actionnaires et clients !

D’autre part, on y retrouve le contrôle par un groupe idéologique dominateur de l’époque d’après-guerre, par l’abandon de la logistique de Presstalis aux « Ouvriers du Livre », issus de la messagerie du Parti Communiste auxquels le général de Gaulle avait accordé un monopole d’embauche ! Ces ouvriers, en mesure de bloquer la sortie des publications, ont historiquement su négocier des salaires élevés et des horaires de travail favorables (en raison de leurs statuts, les dépositaires de Presstalis ont 30 % de personnel et 50 % de rémunération de plus que dans le reste de la logistique).

(On se rappelle qu’il y a encore peu de temps, les « Ouvriers du Livre » avaient suspendu l’acheminement des journaux ayant refusé l’intégration d’un Manifeste de la CGT).

  • Les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) créée en 1945, diffuse le quart des magazines.
    Elle ne fait pas appel aux « Ouvriers du Livre  » d’où des coûts de fonctionnement moins élevés.
 Messagerie de magazines
 Entrepôt des Messageries Lyonnaises de Presse

… et 1 troisième libre pour la presse et les magazines régionaux

  • La presse et les magazines locaux ont leurs propres messageries indépendantes.

Les dépositaires de presse

Ce sont des intermédiaires ou grossistes privés qui appartiennent aux deux messageries. Ils répartissent les journaux et magazines dans les points de vente conformément aux instructions données par les éditeurs.

Au nombre de 4000 dans les années 1980, ils n’étaient plus que 700 en 1995 pour se réduire à 64 en ce début 2018.

Les marchands de journaux

Ils assurent la vente au public et sont rémunérés par une commission calculée en pourcentage du prix de vente.

De 40 000 dans les années 1980, ils n’étaient plus que 27 500 en 2012 et 23 200 en 2017.

La régulation

Elle est dévolue à 2 organismes

  • Le Conseil Supérieur des Messageries de Presse (CSMP) créé en 1947 a été institué comme l’autorité garante du pluralisme de la presse à travers l’impartialité de sa distribution et du respect de ses principes.
Organisme de régulation des messageries de presse

Siège du Conseil Supérieur des Messageries de Presse

  • L’Autorité de Régulation de la Distribution de la Presse (ARDP) créée en 2011, chargée d’assurer le bon fonctionnement du système coopératif de distribution de la presse et de son réseau et de veiller au respect de la concurrence et des principes de liberté et d’impartialité.

Ces deux organismes prennent malheureusement des décisions parfois antagonistes !

Des problèmes aux solutions ?

Avec un déficit d’exploitation de 37 millions d’euros et un trou de trésorerie de très grande ampleur, Presstalis est au bord du dépôt de bilan.
Un plan de sauvetage nécessiterait 190 millions d’euros et une restructuration supprimant 200 à 300 emplois mais aussi et surtout une loi imposant une nouvelle gouvernance !

Se pose aussi le problème de la gestion du pluralisme face à l’abondance des titres constitutifs de la grande diversité de l’offre médias.

Le gouvernement a promis une « grande consultation » en vue de rédiger une loi votée avant l’été !

(Sources : Journal La Croix – Editions des 13 et 26 février 2018)

Dernières nouvelles du 20 avril 2020

Presstalis dépose son bilan

« Dans l’impossibilité de faire face à ses engagements financiers », Presstalis (900 salariés), la principale messagerie de presse dont les difficultés de trésorerie se sont amplifiées avec la crise sanitaire, s’est déclarée lundi en cessation de paiement tout en poursuivant son activité. Une audience de procédure collective est prévue vendredi 24 avril. Les acteurs de la filière ont jusqu’au 30 avril pour trouver « une solution satisfaisante ».

(Source : Journal La Croix – Edition du 22 avril 2020)

Jugement du 15 mai 2020 du Tribunal de Commerce de Paris

Le Tribunal a tranché

« La messagerie Presstalis, qui distribue l’ensemble des quotidiens nationaux et une partie des magazines, est placée en redressement judiciaire avec une période d’observation de deux mois, mais ses filiales en région (SAD et Soprocom) sont liquidées sans poursuite d’activité.
Les juges ont ainsi accepté le plan de reprise proposé in extremis mardi 12 mai par la seule ­coopérative des quotidiens, faute d’accord avec celle des magazines (co-actionnaire de la messagerie), afin d’éviter une liquidation qui aurait laissé la presse quotidienne sans solution. »

« Cette décision acterait la suppression de 645 postes salariés (dont environ 500 en régions) sur 910.« 

« La coopérative des quotidiens (27 % des parts de Presstalis, contre 73 % pour les magazines), pouvait difficilement être mieux-disante socialement sans l’accord des magazines, lesquels sont tentés de rejoindre le concurrent des Messageries lyonnaises de presse (MLP). » 

« Les zones de distribution des filiales liquidées devraient être redistribuées « à des dépositaires indépendants ou des nouveaux entrants », en donnant la priorité à ceux qui reprennent d’anciens salariés. Selon lui, 120 d’entre eux à ce stade pourraient être repris. »

Source : Journal La Croix du 18 mai 2020 – Article Aude Carasco)

Un bastion du « Syndicat CGT – du Livre et de la communication écrite »

Rappelons nous certaines grèves très dures du passé où ce Syndicat y faisait la pluie et le beau temps pour des motifs plus politiques que de défense des salariés … au détriment de la liberté d’expression et au mépris des lecteurs de la presse nationale et locale !

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