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Aujourd’hui, l’étalage de « l’Intime » sur les réseaux sociaux

(Quelques petites réflexions … intimes ?)

Les Français passent en moyenne 1 heure 28 minutes par jour sur Internet et sur ce temps, ils consacrent vingt-quatre minutes aux réseaux sociaux.

Plus de la moitié d’entre eux se connectent au moins une fois par jour à l’un de ces réseaux.
(Etude Médiamétrie de mars 2018)

Et on peut parfois légitimement se retrouver surpris par de surprenantes « mises en visibilité » de leur « lntime »  par les internautes !!!
Voyons voir …

L’Intime, c’est quoi au fait ?

« Nous sommes vécus par des forces, des faiblesses, des gouffres. Nous sommes les personnages de quelque chose d’inconnu auquel nous voudrions échapper parfois, et vers quoi par nécessité nous ne cessons de retourner, de roder. » (1)

L’Intime désigne l’ensemble des liens qu’un individu décide de retrancher de l’espace social des échanges pour s’en préserver et élaborer son expérience à l’abri des regards. » (2)

L’opacité est l’un des aspects de notre vie et, par définition, on ne peut être totalement visible car, pour exister, l’intime doit échapper aux regards. »
Prenons par exemple nos pensées, qui constituent le plus intime de ce que nous avons. Si les autres pouvaient connaître mes pensées, cela signifierait la fin des rapports sociaux.Mais l’intime est aussi la marque d’une proximité incomparable. C’est pourquoi l’intime s’inscrit toujours dans une relation (Dieu, l’autre) (3)

Mais alors pourquoi une telle surexposition du « soi » sur les réseaux sociaux ou même certains blogs ? 

« Le regard des autres, que l’on atteint à travers les outils numériques, est devenu nécessaire à la confirmation de soi. C’est particulièrement vrai chez les jeunes générations qui ont grandi avec le sentiment qu’ils n’existent pas s’ils ne sont pas reconnus par l’autre. Warhol disait qu’à l’avenir chacun aurait le droit à avoir son quart d’heure de célébrité mondiale. Aujourd’hui,des millions d’adolescents le recherchent.
Les quadras et les quinquas, qui sont nés bien avant les outils numériques, ont appris à grandir et à se construire sans eux. Mais les adolescents ont besoin de l’équivalent d’un diplôme de bonne reconnaissance, et qu’il soit délivré par des anonymes. » (4)

L’Intime à t’il toujours existé ?

La notion de vie privée n’émerge qu’à la fin du XIXème siècle, et avec elle la volonté de vouloir se protéger de l’exposition publique. Avant, à travers la littérature, on voit bien le poids permanent du regard des autres sur soi, et l’omniprésence d’une forme de promiscuité. » (5)
Mais « l’intime » a sans doute existé bien avant et sa gestion n’est pas nouvelle.

« On peut dater la naissance de l’intime à 1215, année de la tenue du IV Concile du Latran et de l’instauration de l’obligation de se confesser.

C’est à ce moment-là que l’on va avoir un discours de l’intime … MAIS … rapidement, les fidèles mettent au point des ruses de langage pour pouvoir exprimer cette part de soi en termes décents« .
Des « ruses » que l’on observe aujourd’hui dans le monde du numérique ! » (6)

Et aujourd’hui, quelle est la tolérance observée ?

« Entre exaspération, incompréhension, condamnation ou acceptation, tolérance et sympathie,le rapport des personnes interrogées à l’égard des pratiques d’exposition de l’intimité est extrêmement variable.
La tolérance à la mise en visibilité de l’intime accepte davantage d’excès, mais passé le seuil de l’impudeur, la critique est d’autant plus acerbe » (7)

Une petite conclusion ?

« Le numérique permet d’exprimer notre pensée de manière directe et immédiate. Ce qui peut se traduire une exposition de « l’Intime », mais aussi l’expression d’une superficialité, comme c’est le cas lorsque certains écrivent sur Internet un commentaire à propos d’un article qu’ils n’ont pas lu. » (5)

Pensez-y pour comprendre celui que vous lisez et aussi, peut-être, … ce que vous écrivez vous-même !

 Citations :

(1)  Frédéric Boyer, écrivain et éditeur français
(2) Michaël Foessel, philosophe
(3) Fiorenza Gamba, , chercheuse associée à l’Université de Genève
(4) David Le Breton, sociologue
(5) Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en Intelligence Artificielle au Laboratoire informatique de Paris 6
(6) Sandra Lemeilleur, anthropologue de la communication
(7) Laurent Mell, docteur en sciences de l’information et de la communication

Source : Extraits Journal La Croix

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