Derrière la catastrophe sanitaire engendrée par le Coronavirus, se profile le spectre d’un autre séisme, celui qui frappe l’ensemble de l’économie mondiale.

Si la bataille sur le plan médical révèle des avancées, jour après jour au fil de recherches heureusement coordonnées au niveau international, mais aussi de nouveaux sujets de préoccupations, les défis d’une gigantesque envolée de l’endettement des Etats pour sauver leurs économies, n’ont pas encore trouvé de réponses clairement affirmées.


Alors que les différents experts s’accordent au moins sur un point : les répercussions d’une catastrophe économique non maitrisée sont de nature à s’avérer largement plus terrible encore que les effets directs de la pandémie notamment en matière de mortalité !

Un endettement colossal à un niveau final cependant encore indéterminé

Les chiffres déjà avancés donnent déjà le vertige mais au final ils pourraient s’avérer encore plus « impossibles à assumer ». Et encore moins pour notre pays qui est déjà dans une situation catastrophique. Rien qu’à se souvenir qu’avant même la pandémie, nos hôpitaux étaient au bord de l’asphyxie sans aucune réponse politique. Et l’augmentation de l’offre de lits n’est toujours pas à l’ordre du jour !

Mais des propositions de solutions commencent à émerger

Il m’a paru intéressant dans ce contexte de partager 4 axes de solutions avancées par des économistes reconnus et relevées dans différents articles du Journal « La Croix » de ce 27 avril 2020.

Les « obligations perpétuelles »

Cet instrument a connu son âge d’or au XIXe siècle avant de tomber en désuétude après la Seconde Guerre mondiale. Il fut utilisé la première fois par les révolutionnaires français de 1789 pour éponger les dettes de l’Ancien Régime.

Le principe est simple : un État lève des capitaux en promettant aux investisseurs le versement d’intérêts réguliers sur le très long terme, ce qui le dispense de rembourser le capital. Une idée que Daniel Cohen, directeur du département d’économie de l’ENS, et Nicolas Théry, président du Crédit mutuel, ont reprise à leur compte en l’adaptant au moment.

« Cette dette de longue durée, sur 50, voire 100 ans, serait souscrite par la Banque centrale européenne (BCE)La politique monétaire permettrait ainsi aux États, dont la crise a remis en lumière l’importance, de prendre en charge les dettes sanitaires et climatiques et d’investir dans la prise en charge de la dépendance, de l’éducation et du revenu universel. »

C’est le principe désormais couramment repris sur les plateaux télé : on contracte des emprunts sur lesquels on s’accorde (créanciers et emprunteurs) qu’ils ne seront jamais remboursés !

L’annulation d’une partie de dette sous condition

Une note publiée par le think thank « Terra nova » suggère que la Banque Centrale Européenne annule une partie des dettes qu’elle détient déjà, conditionnant cette remise à un engagement des États à investir autant dans des secteurs d’avenir prioritaires, en particulier la transition climatique.

« Cette option permettrait de restaurer les marges de manœuvre budgétaires tout en redonnant force au projet européen ».

Cette note a été publiée sous la signature de Laurence Scialom, de l’université Paris Nanterre et du doctorant Baptiste Bridonneau

Un transfert, sans contrepartie, de monnaie centrale

L’idée est avancée par Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences à l’Université Paris 1- Panthéon -Sorbonne.

Elle propose d’assurer les dépenses supplémentaires par un transfert, sans contrepartie, de monnaie centrale.

« Actuellement, la BCE finance indirectement les États, rachetant leurs titres de dettes sur les marchés avec le risque fort de ne pouvoir les revendre. Pourquoi ne pas officialiser la situation en permettant à l’institution de faire un don direct aux trésors ? »

Une nouvelle forme de la « planche à billets » ?

Une « taxe Covid sur la richesse »

Puisque la crise menace les États européens aux finances les plus fragiles, notamment l’Italie, Camille Landais, professeur à London School of Economics et ses collègues de l’Université américaine de Berkeley, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, suggèrent une réponse coordonnée au niveau de l’Union par la taxation des plus gros patrimoines au niveau de l’Union Européenne.
La « taxe Covid sur la richesse » qu’ils proposent toucherait les 1 % des contribuables européens les plus aisés, ceux disposant d’un patrimoine net de plus de 2 millions d’euros. Le taux serait progressif : 1 % au départ, puis 2 % au-dessus de 8 millions d’euros et 3 % au-delà de 1 milliard d’euros. Une tranche où ne figurent qu’environ 330 milliardaires européens.

« Une telle taxe permettrait de lever chaque année un montant équivalent à 1,05 % du PIB de l’Union, ce qui permettrait d’éponger en une dizaine d’années les dettes supplémentaires liées au coronavirus », plaide Camille Landais.


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