Un secteur en forte croissance mais un choix hasardeux et … une entreprise en risque de disparition !


A la fin des années 2000, le Parc Naturel  Régional du Gâtinais dans l’Essonne, cherchait à développer une nouvelle filière économique dans la région.
Après des études de marché et d’emploi local, il a finalement financé une expérimentation de culture de chanvre, qui a débouché en 2013 sur la création d’une société portée par six cultivateurs : Gâtichanvre.

Une démarche prometteuse à tous points de vue

Le choix s’est basé principalement sur deux critères importants.

Un intérêt économico-environnemental

 L’objectif est alors double : trouver une source supplémentaire de revenus pour les agriculteurs de la région tout en profitant d’une utilisation croissante du chanvre dans des domaines à haute valeur ajoutée.
Le chanvre peut être utilisé dans la conception d’éco-matériaux dans le domaine de la construction. Ainsi, pour la fabrication de béton de chanvre ou d’isolant.

Utilisation du chanvre dans le bâtiment

Les propriétés permettant de réduire le poids de certaines pièces, en particulier dans l’industrie automobile.
Il peut aussi servir dans la conception de textiles, la fabrication d’huiles alimentaires et cosmétiques, ou de litières pour animaux.

Un intérêt agronomique

Le chanvre se révèle également très intéressant d’un point de vue agronomique.
Il ne nécessite ni d’irrigation ni de produits phytosanitaires et il est considéré comme une bonne « tête d’assolement  : une plante qui, placée en rotation avec d’autres cultures, permet d’améliorer la qualité du sol.

Champ de culture du chanvre


Une excellente solution pour l’emploi local

Au départ, l’expérimentation a débouché en 2013 sur la création d’une société portée par 6 agriculteurs et dénommée « Gâtichanvre ».
Mais en 2018, plus d’une centaine d’agriculteurs s’étaient lancés dans la production de chanvre !  

Mais une malheureuse option …


Le chanvre devant être transformé en fibre ou en copeaux pour être utilisé, l’entreprise a d’abord externalisé cette transformation auprès d’une coopérative en Vendée.
Elle a ensuite malheureusement décidé de se lancer elle-même, sans compétence propre, dans la transformation.
Et c’est là que les ennuis ont commencé …

Machine d’occasion, problèmes techniques, retard de démarrage, mauvaise qualité du produit transformé, perte de clients à haute valeur ajoutée, caisses vides et donc impossibilité de payer les agriculteurs et par dessus tout cela …le COVID.

La clef sous la porte ou …  deux options aléatoires !


Il manque 1,9 millions d’euros pour repartir du bon pied.


La région est prête à investir 800 000 €
Le département a proposé de racheter le site de production pour le louer à tarif avantageux.
Il a également été question d’une participation de l’État. Celle-ci reste pour l’heure en suspens
.

Aujourd’hui, deux scénarios restent à l’étude :
– soit un rééchelonnement des dettes,
– soit l’accueil d’un investisseur qui deviendrait majoritaire au capital
.

Et sinon :
le coup d’arrêt, pour les agriculteurs comme pour toute la filière chanvre dans le Département et pourtant …
…les clients sont là !

Source : Journal « La Croix » du 29/12/2020 – Article Camille Richir.

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